Ce texte se présente en contre point théorique des notes de lecture sur Le capital comme pouvoir1 et aussi de l’article « Pour en finir avec les théories de la valeur », dans ce même numéro. Pourquoi revenir sur ces deux points. Il nous semble que c’est parce qu’une boucle s’est bouclée. En effet, alors que le déploiement de la valeur, surtout à partir du XIXe siècle a correspondu à une autonomisation progressive de l’économie (le « désenclavement » de Polanyi dans son livre La grande (…)
Numéro 17 — (Printemps 2014)
Sur la politique du capital
Consommation et dynamique du capital
Le présent des transformations du travail
Valeur et crise
Table des matières
I. Sur la politique du capital
Certaines des thèses du livre de Nitzan et Bichler se rapprochent de celles de Temps critiques et nous avons jugé bon d’aller y voir de plus près. Tout d’abord une critique de la loi de la valeur… C’est assez logique puisque eux aussi s’appuient sur le Castoriadis de la période des années 1960-1965 (pseudo « Cardan ») pour critiquer l’économisme de Marx et sa théorie de la valeur. Donc je ne reviendrais pas ici sur cette critique puisque les références en question sont connues, qu’elles (…)
Question1 : Quelles références théoriques dans la lutte pour une société émancipée ? a) Je n’ai aucune référence théorique susceptible d’intervenir « dans la lutte pour une société émancipée », car je pense que la notion de « société émancipée » n’a plus de portée politique aujourd’hui ; que la période historique dans laquelle cette aspiration a émergé puis triomphé — celle des Lumières et de la société bourgeoise — est définitivement achevée. De plus, en tant que telle, une société n’est (…)
II. Consommation et dynamique du capital
Salaire et consommation chez Marx En filigrane : une théorie marxiste des besoins Le phénomène de la consommation est extérieur au marxisme qui ne lui reconnaît qu’une importance minime définie comme le niveau de reproduction de la force de travail correspondant au salaire de subsistance en rapport à des « besoins » déterminés historiquement. En effet, pour Marx les besoins ne sont pas « illimités » dans l’absolu, ils sont toujours situés historiquement, ils dépendent du degré de (…)
Je souhaitais compléter le point suivant : le rapport entre le développement de la société de consommation à partir des Trente glorieuses (voire avant avec ses prémisses dans les années 1920) et l’aliénation du prolétariat à ce mode de vie. Comme le précise Jacques W, c’est à partir du fordisme que les salariés ont été considérés comme de futurs clients. L’avènement de la société de consommation a probablement pour source la production de masse qui a été mise en branle aux États-Unis à (…)
III. Le présent des transformations du travail
La transformation actuelle des contrats de travail repose la question de savoir si le rapport salarial est principalement une forme structurelle où une forme de la dépendance monétaire. La tendance actuelle semble donner raison à cette dernière hypothèse, car la crise du travail et l’inessentialisation croissante de la force de travail semblent réinstaurer la forme première du rapport salarial qui prend cette forme de dépendance monétaire. La revendication d’un salaire garanti apparaît alors (…)
Nous partirons du travail théorique développé par la revue Temps critiques1 quant à la perte de centralité du travail vivant dans le procès de valorisation. Nous prendrons ici le temps d’en cerner les conséquences quant à la précarité pour le travailleur au travers de notre propre expérience2. À partir du CPE3 Le mouvement contre l’ensemble de la loi dite « pour l’égalité des chances » et son fameux Contrat Première Embauche (CPE) a exprimé chez les jeunes et surtout de la part des (…)
« Moi, je fais partie de ceux qui défendent que le rapport au travail n’est pas contingent, n’est pas accessoire, n’est pas anecdotique, que tout être humain cherche d’une certaine façon à travers le travail l’occasion de se mettre à l’épreuve de soi, pour devenir soi-même, pour s’accomplir. Je pense que c’est un invariant humain. Le mépris dans lequel est tenu le travail n’est pas d’aujourd’hui. Ça a existé déjà dans l’Antiquité, c’étaient les esclaves, c’est passé par les serfs de l’Ancien (…)
Venant, Ta critique de Dejours est intéressante. Toutefois les « incohérences cohérentes » de Dejours ne lui sont pas propres, car elles proviennent d’une difficulté objective à définir le travail. Cela conduit soit à le naturaliser et donc à ne distinguer qu’entre travail contraint et activité libre faisant ainsi disparaître la spécificité du travail salarié et celle du salariat en tant que rapport social global liant capital et travail ; soit à le diaboliser avec la référence au (…)
IV. Valeur et crise
Pourquoi partir de Marx quand même aujourd’hui ? Parce qu’il a une conception d’ensemble du capital comme accroissement de valeur. Le capital peut donc prendre différentes formes qui sont toutes des supports de valeur, sans qu’aucune puisse être laissée de côté. C’est parce qu’il a cette perspective large que Marx peut intégrer parfois des éléments qui ne seront pas au cœur de sa démarche centrale restée en grande partie « classique » malgré son désir d’une critique de l’économie (…)
Le livre fait justice d’un certain nombre de confusions habituelles dans les courants de l’extrême gauche… 1 – Il récuse la séparation faite par les milieux alternatifs et la pensée type Monde Diplomatique entre économie réelle et finance, une dualité commune aussi bien aux économistes libéraux qui opposent le réel et le nominal qu’aux économistes marxistes qui opposent valeur et prix. De Mattis rompt cette dualité en affirmant qu’aucun secteur économique ne peut exister sans crédit. C’est (…)