Numéro 8 — (Automne 1994/Hiver 1995)

La démocratie et après...
La fin de la modernité et ses avatars
Face à la question politique


Table des matières

Fin de la modernité : post-moderne ou néo-moderne ?

Fin de la modernité et modernismes révolutionnaires, Jacques Guigou

Ces remarques portent sur quelques uns des présupposés théoriques et politiques qui structurent aujourd'hui les pratiques et les discours d'individus et de groupes issus des gauchismes et de certains courants de l'anarchisme tels qu'ils ont été réactivés en 1968. Nous visons un essai d'explicitation critique partageable par tous et non pas une querelle entre sectes ni moins encore une bataille de positions pour défendre un illusoire camp retranché. Les termes, les (...)

Quelque chose, Riccardo d’Este

Le texte italien qui suit mentionne plusieurs fois la notion de General Intellect, employée couramment en Italie dans la postérité du mouvement de « l’autonomie ouvrière » (opéraïsme). Son utilisation en France, restreinte à la tendance italienne (Negri, Virno, Lazzarato) de la revue Futur Antérieur, nécessite quelques mots de présentation. Cette notion est à référer à un bref passage de Grundrisse : « Fragment sur les machines » (p. 306 des Œuvres II, éd. La Pléiade), dans lequel Marx (...)

Cette liberté qui nous subjugue, Yves Bonnardel

Cet article est extrait d'un travail en cours qui vise à mettre en évidence comment les idées de Nature et d'Humanité (et de liberté, puisque elle est censée être l'attribut distinctif des humains) forment une unité idéologique, et ont pour fonction, d'une part d'assurer les dominations par lesquelles des classes d'êtres sont appropriées par d'autres (comme ce fut le cas pour les esclaves, l'est bien souvent encore pour les femmes, et comme ça le reste (...)

Puissance, pouvoir et politique

L’aporie du politique, Jacques Wajnsztejn

On ne peut éluder la question de la puissance et du pouvoir. Que le gouvernement politique puisse être remplacé par « l'administration des choses » est une idée qui nous vient de Saint-Simon. En son temps, elle a représenté l'anticipation d'une idéologie technocratique gestionnaire qui semble aujourd'hui triompher, à l'heure de la complexité d'un monde « néomoderne »1. qu'il faut gérer avant tout. On voit donc bien le devenir capitaliste de la formule. Plus (...)

Acte et puissance, Guy-Noël Pasquet

C'est la puissance qui porte le devenir en mettant l'acte en puissance mais c'est l'acte qui fait du devenir un devenir-autre. L'acte est altérité alors que la puissance est mouvement du même. La puissance produit du capital, non plus dans l'activité qui vient s'y inscrire mais avec une activité autonomisée, immédiate à la puissance. La reproduction par division du même et non pas par altération, par dédoublement d'une puissance et d'un acte. De la (...)

Les mouvements face à la politique : la lutte anti-CPE de 1994

Quelques réflexions sur le mouvement étudiant et lycéen, Jacques Wajnsztejn

Aspects descriptifs À l'origine, une mesure gouvernementale (le cip) qui n'émane pas de l'Éducation nationale, contrairement au projet Devaquet de 1986, mais du ministère du travail. La différence est d'importance car, symboliquement, c'est toute la société qui est touchée à travers une mesure qui ne concerne précisément que les jeunes mais qui annonce un train de mesures plus larges dans le cadre d'une loi sur l'emploi remettant en cause de nombreux acquis (...)

Pensée de la situation, théorie critique et événement, Philippe Coutant

Les événements récents sur Nantes ne peuvent être coupés de leur inscription dans une histoire temporelle et spatiale. S'ils ont des particularités, ils ont aussi des caractéristiques générales qui peuvent se retrouver ailleurs. Si nous les examinons maintenant c'est justement pour profiter de l'histoire immédiate. Nous nous exposons aux critiques de particularités, de non-objectivité ou de non-distance critique. Tant pis, nous avons été acteurs et nous ne le regrettons pas. (...)

L’État c’est nous : ce que nous enseigne la lutte anti-CIP, Jean-Louis Rocca

Les analyses « révolutionnaires » de l'État reposent souvent sur un a priori manichéen. L'État est l'outil d'une classe sociale qui en utilise les ressources matérielles (police, armée, fiscalité, etc.) et idéologiques au profit de ses intérêts propres. Il apparaît donc à la fois comme un « bastion » à conquérir et comme un instrument de coercition à détruire. Cette analyse ne correspond guère à la réalité historique. La plupart des constructions étatiques connues sont (...)