Globalisation et puissances (les contradictions du capitalisme du sommet, le niveau I de la domination) Ces notes s’inscrivent dans la continuité de celles sur le Brexit1 il y a quelques années dans la mesure où la tendance à la restructuration en réseaux dans l’hypercapitalisme du sommet qui était pour nous une tendance dominante paraît aujourd’hui contredite. L’opportunité nous en est donnée par la rupture australienne du contrat sur les sous-marins nucléaires français, avec le rôle joué (…)
Numéro 21 — (Hiver 2022)
Nouvelle donne dans le jeu des puissances
Le travail et ses avatars : télétravail, économie de plateforme
L’aliénation effacée, l’émancipation exaltée
Table des matières
Mise en place Si nous parlons ici de fractions du capital, c’est que nous ne nous reconnaissons plus dans le langage des luttes de classes telles que ces dernières ont été définies par Marx au milieu du XIXe siècle, et analysées concrètement au XXe siècle à partir de l’opposition principale entre bourgeoisie et prolétariat, comme si sa prédiction d’un apurement des classes dans le sens d’une disparition des autres laissait la place libre à ces deux forces1. La « bourgeoisie » est un terme (…)
1 – Technoscience, numérique et flexibilité du travail 1.1. Tendance actuelle du capital et flexibilité Au cœur de sa dynamique, le capital se développe à partir de procès technoscientifiques et des outils numériques. La recherche de fluidité s’exprime dans un rapport privilégié au secteur des technologies (par exemple, les « licornes ») mais aussi et surtout cela inscrit le modèle des GAFAM1 au premier plan du capitalisme du sommet. Toujours en recherche, le capital se développe dans ces (…)
Les plateformes numériques — Amazon, Google, Facebook, Uber, Airbnb et bien d’autres — occupent aujourd’hui une place énorme, tant dans le fonctionnement de l’économie que dans les esprits. Elles ont déjà été abondamment abordées de manière critique sous des angles très divers (sans parler des apologistes) : numérisation/ virtualisation du monde, ubérisation rampante, exploitation du travail gratuit, réponse à la formation d’une « intellectualité diffuse », capitalisme de surveillance, (…)
Dans la société capitalisée d’aujourd’hui, le rapport historique aliénation/émancipation tend à se dissocier. Une séparation qui, en tendance, conduit à une dissimulation/effacement de l’aliénation et à une affirmation/exaltation généralisée de l’émancipation. Le rapport dialectique entre l’aliénation du travail et son dépassement dans une révolution émancipatrice a polarisé les antagonismes politiques, si ce n’est depuis la genèse de la modernité, au moins depuis la Révolution française. (…)
Je reviens sur la question dans la mesure où Jacques Guigou (JG par la suite) réactive la notion dans son article. C’est un peu à mon corps défendant, et ce pour deux raisons au moins. La première qui est que cette notion n’a guère été reprise que dans des échanges limités à un cercle assez restreint de personnes. Non pas, à mon avis, qu’elle manquât de pertinence, mais parce que la critique du travail a été mise en échec aussi bien du point de vue pratique que théorique. Du point de vue (…)