Numéro 1 — (Printemps 1990)

A propos de l’Allemagne


Table des matières

La question allemande en France / Bodo Schulze

I. Introduction « Mais les prémisses — la légitimité de cette réunification — ne sont pas totalement limpides.1 » N’est pas non plus totalement limpide la façon dont ce constat irrité ait pu s’égarer dans un article qui, par ailleurs, adopte parfaitement la démarche de la femme d’État dans sa façon de discourir sur la « question allemande ». Depuis le début des grandes manifestations d’automne en rda, Le Monde ne cesse d’assener la leçon : Rien à objecter contre une unification des deux (…)

Allemagne : l’hallucination collective / Jacques Wajnsztejn

Le capitalisme a gagné. Le socialisme a perdu avec sa victoire le premier a pris en charge la responsabilité de la sauvegarde de l’éco-système terrestre et du genre humain. (déclaration de Joshka Fischer, ancien leader gauchiste francfortois devenu ministre « vert » en Hesse) Historique d’une identité allemande à la fois problématique et obsessionnelle L’Ost-Politik de W. Brandt, les tribulations à l’Est du ministre libéral des affaires étrangères Genscher, (…)

Le rêve allemand de la national-socialdémocratie / Bodo Schulze

Un Allemand est un homme qui ne saurait prononcer un mensonge sans y croire lui-même. Adorno Peu avant l’ouverture du mur de Berlin, Freimut Duve, député social-démocrate au Bundestag, livra au public français des réflexions qui tirent les conséquences de dix années de gestation nationale en rfa et annoncèrent le chorus patriotique dont Willy Brandt se fera par la suite le maître chanteur. Ainsi prenaient fin les préparatifs idéologiques de la renaissance allemande que le mouvement pour (…)

1989 : Berlin, ses bananes, ses baladeurs / Jacques Guigou

L'individu-démocratique est ainsi formé, qu'il croit voir un « bouleversement historique », une « avancée magnifique de la liberté », là où des millions de personnes, abattant l'image d'un mur, puis, supportant les longs embouteillages d'un week-end, achètent dix kilos de bananes et un baladeur, avant de s'en retourner chez elles, satisfaites, afin d'être à l'heure, au travail ou au chômage, le lundi matin. L'individu-démocratique applaudit — sans rien (…)

Berlin après la " révolution douce " / Ilse Bindseil

J'aime les championnats de football et les grands concours de tennis parce qu'ils interrompent la monotonie de ma vie. Je les aime parce qu'ils n'ont pas de sens qui durerait au-delà de l'émission télévisée elle-même car le sens, selon ma propre idéologie d'écrivain, c'est moi qui le produis pendant ces heures interminables que je passe sur une feuille blanche ou bien à l'ordinateur, et je suis convaincue que personne ne peut abréger ou rationaliser le procès (…)

De la RAF / Temps critiques

La dernière grève de la faim de la raf, qui a duré de février à mai 1989, fut engagée pour obtenir le « regroupement des prisonniers politiques ». Les deux articles de Joachim Bruhn furent écrits dans ce contexte. « Le corps, alerte rouge » fut rédigé au cours de cette grève et publié en avrila 1989 dans le mensuel Stadtzeitung fur Freiburg. « Le sens de la vie et la politisation de la raf », écrit après la grève, parut dans la Tageszeitung du 28b juin 1989. L'auteur a par ailleurs (…)

Le corps, alerte rouge / Joachim Bruhn

Qui choisit la subversion, la lutte armée et la haute trahison, parce qu'il en a compris la nécessité, ne mérite pas la charité, à la différence de la victime d'une erreur judiciaire. Il sait à qui il a affaire lorsqu'il s'attaque à l'État, et c'est là la raison pour laquelle il engage la lutte. Comme il se refuse à croire plus longtemps que droit et justice seront réconciliés en dernière instance, il ne peut y avoir pour lui de grâce, grâce que d'ailleurs il (…)

Le sens de la vie et la politisation de la RAF / Joachim Bruhn

« Le devoir du révolutionnaire est de faire la révolution ! » Alors que le Congrès sur le Vietnam a mis, il y a plus de vingt ans, à l'ordre du jour de l'histoire cet impératif catégorique, les derniers enragés de la révolte s'aperçoivent à présent que le révolutionnaire peut, le cas échéant, se contenter de croire à la révolution et défendre, par ailleurs, sa peau comme il le peut. L'avant-garde désarmée s'est finalement décidée à ne plus jouer l'auguste qui (…)

Éditorial / Bodo Schulze

La désagrégation du « bloc communiste » que le « monde libre » avait appelée de ses vœux n'est guère l'occasion d'une joie particulière, à rebours de ce qu'on pouvait attendre. Très vite, la satisfaction d'avoir eu raison du « totalitarisme » a débouché sur le sentiment que s'ouvre une époque d'« insécurité ». Une fièvre étrange s'est emparée des médias. La vie de tout citoyen de France et d'Europe semble directement dépendre des transformations à (…)